Pas toujours d’alternative au digital…
Ces derniers mois, deux grandes institutions bancaires ont décidé de supprimer les imprimantes d’extraits de compte dans leurs agences. La possibilité de réaliser des virements au self Banking devient aussi moins évidente. Résultat : il n’y a plus toujours d’autre choix que de passer par les applications sur smartphones ou via PC Banking. Pour ceux qui n’ont pas pris le chemin de l’Internet, il reste deux possibilités : confier les opérations bancaires à des proches ou mettre le prix car les tarifs bancaires ne cessent d’augmenter pour les opérations « papier » et celles qui nécessitent l’intervention d’un employé.
… ou mettre le prix
Ainsi, alors qu’il existe encore des comptes gratuits pour les personnes digitalisées, Financité estime qu’une personne de 70 ans effectuant par mois deux paiements par domiciliation, quatre virements manuels et qui se fait envoyer par la poste un relevé de comptes, devra débourser 80 euros chez Belfius, 93 euros chez ING et 111 euros chez BNP.
Une grave atteinte à leur autonomie
« On s’est rendu compte que la digitalisation des services bancaires entraîne une nouvelle forme d’exclusion à laquelle on ne s’attendait pas, décode Anne Fily en charge du travail sur l’inclusion financière chez Financité. C’est-à-dire que des personnes âgées parfaitement intégrées dans l’ensemble de leur vie quotidienne se trouvent aujourd’hui moins autonomes pour la gestion de leurs comptes bancaires et de leurs avoirs financiers. […] Or, il faut bien faire ses virements, et pointer ses dépenses. Donc de plus en plus de personnes sont obligées de faire appel à leurs proches, enfants, voisins. Pas toujours dans des conditions idéales de sécurité car elles partagent leur identifiant. Et puis c’est une grave atteinte à leur autonomie ».
Un problème qui dépasse les banques
Alors quel regard porte le secteur bancaire sur ce constat d’exclusion ? Febelfin ne nie pas les difficultés rencontrées par les personnes âgées avec le développement des outils bancaires numériques. Mais pour son porte-parole, Rodolphe de Pierpont, le problème » dépasse largement la banque. Un travail doit être réalisé plus largement au niveau de la société pour s’assurer que les seniors soient inclus ». Et il ajoute que « c’est un point d’attention fondamental. On a lancé en Wallonie l’opération j’adopte ma banque digitale pour aller à la rencontre des aînés ».
Le droit de détenir un compte bancaire est garanti par les textes européens. Mais s’assurer que les aînés puissent facilement y accéder relève d’un enjeu majeur dans un pays où les plus de 65 ans ne représentent pas loin d’un cinquième de la population.