L’espérance de vie grimpe encore en France, et bien plus vite que l’espérance de vie en bonne santé. Demain, on vivra donc plus longtemps, mais notre état de santé sera-t-il aussi satisfaisant ? Pour s’en assurer, le professeur Philippe Amouyel, spécialiste des maladies du vieillissement, dispense quelques conseils.

On vit en France de plus en plus longtemps, d’accord, mais dans quel état ? L’espérance de vie des Français grimpe chaque année, et ne semble pas près de prendre le chemin inverse. Si elle est actuellement de 85 ans pour une femme et 79 pour un homme, on estime qu’une petite fille de deux ans aujourd’hui a une chance sur deux de vivre jusqu’à 100 ans. Problème : l’espérance de vie sans incapacité, c’est-à-dire en bonne santé, n’augmente pas aussi rapidement.

Prévenir plutôt que guérir

À 60 ans aujourd’hui, il nous reste en moyenne 20 ou 25 ans à vivre. « Mais la vieillesse se prépare plus tôt que ça, idéalement vers 40 ans », remarque Philippe Amouyel. Sur l’axe respiratoire, arrêter de fumer est la première mesure à envisager. « Même tard, c’est forcément un bénéfice, et ça réduit les facteurs de risque », affirme le médecin. Pour protéger son cœur, rien ne vaut l’activité physique. Pas besoin d’être un sportif olympique : un temps de marche quotidien entretient déjà la machine. « Si on aime le sport, bien sûr, c’est encore mieux ».

Le dépistage de certains cancers est fortement encouragé, et ce le plus tôt possible.

« Pour les femmes, vers 40 ou 45 ans, il faut dépister le cancer du col de l’utérus et du sein. » Pour les hommes, c’est la prostate, un peu plus tard, qui reste à surveiller. Les cancers du tube digestif concernent quant à eux les deux sexes et « des dépistages existent, qui permettent de traiter tôt les lésions, et de garder intacte l’espérance de vie des patients », rappelle Philippe Amouyel. Et partir de 40 ans, il faut veiller, dans la mesure du possible, à voir son généraliste environ une fois par an.

Les relations sociales stimulent notre cerveau

« Les relations sociales sont l’un des stimulus majeurs de notre vie », explique Philippe Amouyel. Relations familiales, amoureuses, amicales, ou entre collègues « stimulent notre cerveau en permanence », martèle le médecin. D’après lui, vieillir en couple réduirait drastiquement le risque de développer la maladie d’Azheimer. « Au contraire, solitude et isolement entraînent une réduction du fonctionnement cérébral, des fonctions cognitives, et favorise un oubli de soi », appuie-t-il. En ce sens, le fait de mal entendre, qui génère un certain isolement par rapport aux autres, pourrait accentuer à termes, en l’absence d’appareillage, les troubles cognitifs des personnes âgées.

Les relations sexuelles ont aussi toute leur place dans le « bien vieillir ».

Avec ou sans pénétration, de simples baisers, câlins ou caresses stimulent aussi nos émotions. « Et ce sont nos sens qui alimentent notre cerveau », précise Philippe Amouyel.

Travailler plus pour vivre plus ?

D’après Philippe Amouyel, travailler plus longtemps permettrait de garder nos capacités cognitives intactes plus tard. « Quand on compare le niveau intellectuel des gens de 10 à 20 ans après le départ en retraite, le seuil varie. Ceux qui partent le plus tard conservent les meilleures fonctions cognitives avec l’âge… » Il explique même que garder une activité bénévole ou sportive ne remplace pas tout à fait les vertus du travail. Le travail rémunéré aurait en effet un bénéfice plus important sur la santé…